24 juin 2007



Francis Lemay et ses parents, Gilles Lemay et Sylvie Hébert. (Photo - Michel Thibault)



Gilles Lemay, Sylvie Hébert et leur fils Francis posant avec l'amie fidèle de la famille, Rosie. (Photo - Michel Thibault)


Se battre contre le cancer et pour réussir à l'école

Michel Thibault

À cinq jours de Noël, la vie a réservé une très mauvaise surprise à un adolescent de Châteauguay et ses proches.

Le 20 décembre 2006, Francis Lemay a appris qu'il souffrait d'un cancer aux ganglions. Élève de cinquième secondaire à l'école Louis-Philippe-Paré, le brave jeune homme a entrepris un combat contre la maladie et pour réussir, malgré tout, son année scolaire. Concernant ce deuxième défi, son école ne l'a pas beaucoup aidé, déplore Francis, ainsi que ses parents, Gilles Lemay et Sylvie Hébert.

"Je voulais terminer mon année. Je voulais continuer à voir le monde, mes amis, ça m'aidait", raconte Francis. "J'aurais souhaité avoir plus de soutien de la part de l'école. La direction ne m'a proposé aucune solution. C'est moi qui en ai trouvées."

Mal en point après ses traitements périodiques de chimiothérapie, Francis rate l'école une semaine sur deux. "Après un traitement, j'ai moins d'énergie, j'ai des problèmes de concentration", dit-il.

Après chaque absence, le malade doit se débrouiller pour reprendre la matière manquée. "En maths, en chimie et en physique, c'est difficile de suivre quand on rate des cours", fait valoir l'étudiant qui souhaite devenir orthophoniste. "Pour rattraper la matière manquante, j'aurais aimé que quelqu'un vienne à la maison une heure ou deux (les semaines où il était absent de l'école)."

Selon Sylvie Hébert, un directeur adjoint par intérim a soutenu au départ que des cours à la maison étaient possibles puis son successeur a fermé la porte. "Il nous a dit que Francis n'était pas en échec. Mais c'est aux examens de fin d'année qu'on va savoir s'il est en échec. Il faut agir avant", plaide la dame.

Selon Francis, s'il avait été absent pendant 30 jours d'affilée, il aurait eu droit à des cours à domicile. "Une semaine sur deux, c'était pas assez."

Le nouveau directeur adjoint, affirme-t-il, n'avait même pas été informé qu'il avait le cancer. "Parfois, j'avais l'impression que je passais inaperçu. Comme si je n'étais pas malade."

Pour alléger sa tâche et augmenter ses chances de succès, Francis a lui-même suggéré de couper son cours d'économie, facultatif pour l'obtention de son diplôme. Son idée a été acceptée mais il aurait aimé qu'elle vienne de l'adjoint à la direction de l'école.

Francis raconte qu'au cégep où il a été accepté, c'est la première chose qu'on lui a proposée. "Ils m'ont tout de suite demandé : quel cours tu veux enlever ? Je me suis senti mieux encadré au cégep qu'au secondaire."

Gilles Lemay précise que les profs de Francis à LPP ne sont pas visés par les reproches. "Les profs sont champions. Ils ont fait preuve d'une belle latitude. Ils sont très coopératifs", dit-il.

Mme Hébert n'adresse pas les mêmes compliments à certains élus de la commission scolaire. "J'ai téléphoné au commissaire de l'école et à la présidente de la commission scolaire plusieurs fois et ils n'ont pas retourné mes appels", soutient la dame. "On a l'impression qu'on dérange. Où sont les ressources pour ceux qui ont des problèmes ?"

Elle et son conjoint disent avoir contacté le journal pour faire bouger les choses. "On peut rien changer dans notre situation. Si un autre élève est malade, on ne veut pas qu'il vive la même chose", dit M. Lemay.

"Enfin, tout n'est pas sombre, a lancé l'homme à la fin de l'entrevue avec Le Soleil. On va aller à Disney au mois d'août grâce à la Fondation rêve d'enfants".

Politique de la commission scolaire
Ne pouvant commenter un dossier spécifique en vertu de la loi sur la protection de la vie privée, la directrice de l'école Louis-Philippe-Paré, Nathalie Bérubé, a assuré que l'établissement avait le souci d'accommoder les élèves en difficulté. "On est toujours sensibles aux difficultés. Par exemple, les élèves qui souffrent de dyslexie (difficulté à lire et écrire) ont plus de temps pour faire leur examen", a-t-elle indiqué.

Concernant les cours à la maison, elle a confirmé qu'ils étaient offerts après une absence de quelques semaines consécutives. Il s'agit d'une politique de la commission scolaire (des Grandes-Seigneuries) et non de l'école, a précisé Mme Bérubé.