23 août 2007

Des coiffes qui redonnent une féminité aux malades du cancer

SANTÉ | 08h58 Son combat contre le cancer du sein a été le déclic pour une styliste yverdonnoise. En 2005, Mireille Mathys se lance en solo dans la création de coiffes pour les femmes qui ont perdu leurs cheveux. Un marché vierge pourtant bien existant.

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CAROLE PANTET | 21 Août 2007 | 08h58

Il y a d’abord le choc de l’annonce de la maladie, puis la pénibilité du traitement encore accentuée par la chute des cheveux. Pour couronner le tout, les malades doivent alors apprivoiser leur nouvelle image sous les regards parfois pesants. Comme de nombreuses personnes en Suisse, Mireille Mathys a surmonté ces épreuves successives. C’était en 2004, elle luttait alors contre un cancer du sein.
«Je ne voulais pas porter une perruque en permanence, se rappelle celle qui, la santé retrouvée, arbore une chevelure luxuriante. Je trouvais que cela me rendait trop artificielle, alors j’ai cherché des bonnets.» Mais la quête se révèle difficile, voire impossible. Une idée germe alors dans la tête de cette styliste de formation. «Des idées, j’en ai vingt-cinq par jour, mais celle-ci s’est muée en évidence.» Encore en convalescence, elle réalise ses premiers croquis de coiffes colorées, aussi pratiques que féminines."
20 ans d'expérience dans le textile
S’appuyant sur une expérience professionnelle acquise durant près de vingt ans en Asie dans la production textile, l’Yverdonnoise lance une première commande de quelques centaines d’exemplaires à un couple d’amis indiens. Elle n’hésite pas à investir une partie de ses économies. «Je n’avais fait aucune étude de marché, j’avais simplement l’intuition que le besoin existait.» Son travail reçoit immédiatement des échos positifs et un fort soutien des Ligues vaudoise et fribourgeoise contre le cancer.
Le sourire comme récompense
Petit à petit, sans même qu’elle cherche la publicité, le bouche à oreille permet de tisser un réseau de diffusion pour ses créations. Les services d’oncologie des hôpitaux, des coiffeurs et des médecins les font connaître à leurs clientes et patientes. La pétillante sexagénaire crée alors une marque qu’elle baptise Miroir. «L’idée vient de ma mère. Ce nom reprend les premières lettres de mon prénom et résume parfaitement mon but, car le miroir est le lieu de la confiance en soi retrouvée.» Comme pour mieux se faire comprendre, elle raconte, le regard brillant: «Mes clientes ont souvent un air sombre en arrivant, mais quand elles trouvent un bonnet qui leur plaît, elles se sourient. Pour moi, c’est le signe de la victoire.» Le chômage lui permet de suivre des cours d’informatique et de créer son propre site internet.
Miroir n’a dès lors plus de frontières. En plus de la Suisse allemande, les coiffes de Mireille conquièrent la France et l’Allemagne. Aujourd’hui, la jeune retraitée arrive à dégager un petit bénéfice de 1000 à 1500 francs chaque mois. «Je travaille toute seule et je ne veux absolument pas que ça change. Si l’entreprise devait grandir, cela voudrait dire que trop de femmes sont malades.»