16 juin 2007

Des ouvertures dans le cancer du poumon… et ailleurs ?

Avec en moyenne 15% de survie à 5 ans tous stades confondus, le cancer du poumon (non à petites cellules) (NSCLC) est l’un de ceux dont le pronostic est le plus préoccupant. Certes une détection précoce à un stade localisé laisse espérer 50% de survie à 5 ans. Mais elle concerne à peine un tiers des patients.


A Chicago cependant, lors du 43ème congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), différents travaux ont laissé entrevoir des ouvertures dans la prise en charge de ces tumeurs, qui représentent 80% des cancers du poumon. Selon l’OMS, ces derniers provoquent chaque année 1,3 million de morts dans le monde.Au 2ème jour du congrès de Chicago, l’Allemand Christian Manegold (Université de Mannheim) a fait état de l’amélioration qu’un inhibiteur de l’angiogénèse, le bevacizumab (Avastin, Roche) semble apporter en association à une chimiothérapie par gemcitabine et cisplatine chez des malades métastatiques. Une étude sur plus de 1000 patients a évalué les résultats de deux schémas thérapeutiques différents. Et paradoxalement, il semblerait que les doses les moins élevées de bevacizumab apportent les résultats les plus favorables. Ce point devra cependant être vérifié lorsque les informations de survie globale des patients seront disponibles, sans doute pas avant la fin 2008.A ce point, les premières conclusions sont encourageantes. Le taux de réponse au traitement a été augmenté de 70% (50% dans le groupe plus fortement dosé) et la durée moyenne de réponse au traitement a cru de 30% dans les deux groupes. Quant à la médiane de survie sans progression (PFS), elle a été allongée de 9,8% dans le groupe qui avait reçu le plus faible dosage, contre 6,5% dans l’autre. Ce gain de PFS – elle passe de 6,1 mois à 6,7 mois en moyenne - peut sembler modeste. Ce sont pourtant de grandes victoires, vu la gravité du pronostic dans le NSCLC...

Une percée dans le domaine de l’immunothérapie ?

Présenté 3 jours plus tard par une équipe de l’université de Louvain (Belgique), un autre travail a laissé entrevoir une ouverture nouvelle dans le domaine de l’immunothérapie. Il ne s’agit à ce stade que d’un essai de phase II, randomisé. Mais avec un suivi moyen de 182 patients sur 28 mois, ses résultats sont jugés si encourageants qu’une phase III est en cours de mise en place. L’étude en question, va impliquer 59 équipes dans 14 pays.

Partant du constat que 35% à 50% des malades porteurs d’un cancer bronchique non a petites cellules expriment au niveau de leurs cellules cancéreuses un antigène spécifique (l’antigène MAGE-A3) qui est absent de toutes les cellules saines, les chercheurs du groupe GSK ont mis au point une immunothérapie anticancéreuse par antigène spécifique (ASCI) ciblant précisément ce dernier chez des malades opérés pour NSCLC. A raison de 5 administrations successives à 3 semaines d’intervalle, puis de 8 autres séparées de 3 mois, ce « vaccin » a permis d’obtenir une réduction de 27% du taux de récidive après chirurgie. Il s’agit là de « tendances » souligne un communiqué diffusé par GSK à la suite de cette présentation. Mais elles sont jugées suffisamment tangibles pour qu’une étude de phase III portant sur plus de 2 200 patients soit mise en place.Comme nous l’expliquait Thierry le Chevalier, vice-président de GSK en charge du développement clinique en oncologie, « l’antigène MAGE-3 n’est pas présent que dans les cancers pulmonaires. Il l’est également dans les cellules cancéreuses de la vessie, de la tête et du cou, et dans les mélanomes. » De sorte que si ces essais débouchent sur des résultats concrets, c’est peut-être tout un pan de la cancérologie qui s’ouvrira à de nouvelles approches thérapeutiques.